Carnet de bord

Akulivik

Antoine, 13 mai 2004

Après avoir fait une escale de 24 heures peu productive à Kuujjuaraapik, la ville était désertée pour cause de "Goose break", Jean-François et moi-même sommes partis vers Puvirnituq en pleine tempête de neige mardi dernier. Le froid, la neige, la pluie et le vent après les températures chaudes de Montréal m'ont aidé à me replonger dans ce projet Internet, un peu comme lorsqu'on se jette dans l'eau glaciale pour se réveiller.

En arrivant à Puvirnituq, je retrouvais Camille (technicien de KMHB) avec un certain plaisir, trois semaines après nos déboires avec la météo et les avions manqués. Aussitôt les réservations à l'hôtel terminées, nous nous sommes dirigés au NV pour ramasser nos outils et revoir les employés qui semblaient tous ravis du travail de notre tandem Damien et Andrew ! C'est alors que j'ai offert son appareil photo numérique à notre Jusipi local qui a été très touché et content de pouvoir bénéficier de cet outil. En effet, j'ai fortement recommandé à Jusipi de s'en servir pour nous alimenter en photographies pour nos activités web. Il m'a promis de le faire!

Akulivik avion

 Le lendemain à l'aube, nous partions dans un Twin Otter, affrété rien que pour nous et nos bagages, en direction de Akulivik. La température était radieuse et le spectacle autour était impressionnant. Le pilote volait à très basse altitude et faisait des exercices aériens à moins de 200 mètres du sol !

En prenant la direction de l'hôtel dans la fourgonnette de transport du bureau municipal, nous avons du faire marche arrière dans la voie unique qui relie la ville et l'aéroport. En effet, des accumulations de neige plus hautes que le véhicule empêchaient le moindre dépassement. Akulivik sortait d'une semaine complète de blizzard nous a alors expliqué notre chauffeur, employé de la ville.

Akulivik 2004

Enfin, le travail pouvait commencer ! Pas pour longtemps. A peine avons nous réussi à localiser le rack d'installation des équipements Telecom, dans le faux plafond du poste de Police, que nous nous sommes aperçus que des câbles et connecteurs avaient été endommagés. Mais avec l'assistance efficace de Denis et Jean-François Delorme à Kuujjuaq, nous réussissions comme par miracle à faire repartir le tout en fin de soirée.

Finalement, c'est aujourd'hui que les réunions avec le NV et le Daycare ont eu lieu dans une excellente ambiance de travail. Nous attendons l'arrivée de Saima prévue samedi alors que le travail aura déjà sans doute fort bien avancé avec Jean-François.

Jean-François, 14 mai 2004

Malgré la grisaille, le reflet des rayons du soleil sur l'océan de neige qui nous entoure nous brûle le visage. Aveuglé par cette lumière boréale, nous marchons jusqu'à l'hôtel de ville, les yeux plissés, ne sachant ou jeter notre regard aveuglé. Nous commencerons aujourd'hui le travail physique. Première étape : déplacer le routeur sans-fil vers la chambre à fournaise. Nous aurons donc à refaire le câblage extérieur.

Le vent polaire me souhaite la bienvenue de façon plutôt cinglante. Debout sur le toit de l'office municipal, exposé à sa morsure glaciale, j'attends qu'Antoine revienne avec les outils nécessaires. Devant moi, le petit village d'Akulivik grouille de vie. Rien ne semble pouvoir freiner cette effervescence. Cela fait bientôt 30 minutes qu'Antoine est parti à la Coop et je commence tranquillement à me transformer en glaçon. Je décide alors de redescendre de mon perchoir pour aller à sa rencontre. Lorsque j'arrive au magasin, Antoine est à la caisse et s'apprête à payer ses achats. J'en profite donc pour me réchauffer un peu.

Point de vue du NV

De retour sur le toit de l'hôtel de ville, outils en poche, nous pouvons commencer. Le processus s'avérera assez long et plutôt fastidieux. La température peu clémente nous force à nous relayer pour ne pas trop se fatiguer. Enfin, nous terminons le travail vers le milieu de l'après-midi.

Jean-François, 16 mai 2004

Antoine est reparti hier en direction de Ivujivik. Saima Mark, technicien informatique au KRG, arrivait par le même avion qui devait transporter Antoine encore plus au Nord. Le travail avec Saima a débuté dès son arrivée. À peine débarqué de l'avion, Saima cherchait déjà à planifier le travail qu'il aurait à faire cette semaine. En l'espace d'environ une journée et demi, nous avons réussi à câbler le KRPF, le KRG Employment and Training et le Land Holding. Nous avons aussi réussi à résoudre le problème de connexion sans-fil de l'aéroport et à connecter ce réseau ainsi que celui du KRG ET au réseau d'Akulivik.

Saima sur le toitSaima est un jeune homme travailleur et très motivé ! Je suis certain que nous allons bien nous entendre! J'entrevois la semaine qui s'en vient de façon très positive et je commence à avoir hâte de commencer les formations. Il me reste encore beaucoup de travail, mais les choses avancent très bien.

Jean-François, 18 mai 2004

Après une très longue journée à configurer les postes de travail au NV et au Daycare, je continue aujourd'hui mon marathon avec ma première formation. Mais voilà que mes plans sont quelque peu chambardés par une opération de recherche pour retrouver une famille qui s'est égarée en revenant d'une fin de semaine de pêche. Il faut dire que la température ne semble pas vouloir démordre de son mauvais caractère et que le blizzard n'aide en rien la situation. Aux dernières nouvelles, certains Inuits ont réussi à établir un contact radio avec cette petite famille. La situation est critique. Les quatre personnes sont en difficulté et ils courent de graves dangers. Ils n'ont plus de carburant, ils manquent de vêtements chauds et ils sont à court de vivres. Leurs chances de survie en plein blizzard dans cette toundra austère s'amenuisent peu à peu.

Enfin de bonnes nouvelles! Ils ont réussi à localiser la famille et un avion nolisé de Air Inuit leur vient au secours. C'est donc dans une atmosphère beaucoup plus détendue que la formation avec le maire prend place.

Malgré le fait qu'il soit en vacances, Eli prend la peine de se déplacer et de partager quelques heures avec moi pour que je lui enseigne quelques rudiments informatiques. La séance se termine avec une bonne poignée de main et de grands sourires. Je suis bien heureux et l'estime que je ressens pour ce gentleman et les autres employés du NV est immense.

Jean-François, 19 mai 2004

Aujourd'hui j'entreprends véritablement la portion la plus importante de mon voyage. Je donne aujourd'hui un cours général sur l'informatique. J'ai le devoir d'expliquer le potentiel de ce nouvel outil et d'en susciter l'intérêt. Bien que je ne ressente pas trop de pression, je ne peux cacher une certaine fébrilité. Le temps passe vite et voilà déjà quelques années que je n'ai pas donné de cours magistral. J'espère que mon cours ne sera pas trop aride!

Jf au tableauMon plan de cours écrit au tableau, mes outils bien disposés, mes élèves commencent à entrer en classe… Je me sens comme un plongeur qui s'apprête à faire le saut de sa vie! À peine ai-je commencé à parler, que mes appréhensions disparaissent. Les regards sont attentifs et curieux. Mes élèves prennent des notes et leurs questions sont nombreuses et pertinentes. Le temps file sans avoir d'emprise sur nous et je me rends compte que le volume d'information que je leur transmets est beaucoup plus grand que je ne le prévoyais au départ. Qu'à cela ne tienne, il me fait vraiment plaisir de prendre le temps de répondre à toutes leurs interrogations! Le cours se termine dans la bonne humeur et je quitte le NV ce soir là avec le sentiment du devoir accompli.

Jean-François, 21 mai 2004

Aujourd'hui, c'est avec une certaine tristesse que j'ai quitté l'office municipal. Je viens de terminer le dernier sprint de mon marathon. Je viens de passer les deux derniers jours à donner les formations individuelles aux employés des différentes organisations. J'ai eu la chance de faire la connaissance de Lydia Nappatuk, la secrétaire-trésorière. Elle était enchantée de pouvoir magasiner son prochain SUV directement par internet. Elle pouvait même comparer les différentes couleurs d'un simple clic de souris. J'ai échangé mes contacts de MSN messenger avec Quaraq Amamatuak, la réceptionniste du NV. J'ai montré à Elisapi Alayco, l'assistante secrétaire-trésorière, comment trouver des photos de Akulivik avec Google et les utiliser comme fond d'écran. Pour Willia Nappatuk, le gérant municipal, c'était les prévisions météo qui l'ont enchanté!

AkulivikLuuku Qullialuk, l'employée du KMHB, était ravie de pouvoir communiquer par email avec des gens qu'elle connaissait dans d'autres villages. Pour le gérant du LandHolding Jimmy Alayco, fervent amateur de backgammon, la découverte du site de Yahoo et la possibilité de jouer en ligne avec des gens de partout autour du monde a fait plus que son bonheur! Et finalement, Alayco Qullialuk, la nouvelle directrice du Daycare, a réussi à trouver d'intéressants sites pour l'aider à développer de nouvelles activités pour les enfants.  Je reprends l'avion demain pour partir en direction de Ivujivik, mais je sais déjà que je laisserai une partie de moi ici. J'espère pouvoir revenir un jour et retrouver les amis que je m'y suis fait durant ce court séjour.

 

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