Puvirnituq

[Этот текст пока не переведен] 

Damien, 28 avril 2004

Nous faisons finalement la connaissance du maire Ali Novalinga, qui ne nous avait pas été présenté. Cela tombe bien, car nous aimerions le former lui aussi aux nouveaux outils de sa mairie. Nous avons aussi la chance d'avoir Jusipi qui me servira d'interprète dans ma formation mi-Inuktitut, mi-Anglais, mi-Français! La partie n'est pas gagnée avec notre clavier standardisé "anglais US"

En parallèle, et dans une très bonne synergie avec Andrew, nous formerons la directrice de la garderie, Guylain Mathieu, qui est à Puvirnituq depuis déjà de nombreuses années, et qui vient juste d'aménager dans la garderie la plus "high tech" de la côte ouest. Comme le soleil se couche tard à présent, nous prenons un moment pour faire une marche. La météo n'est pas géniale, mais ça fait du bien. Le village a disparu derrière nous, mais il n'est pas très loin. De petites îles nous laissent entrevoir puis découvrir quelques maisons de pêcheurs ainsi qu'un bateau figé là, comme s'il attendait le dégel pour retoucher à la mer. C'est sans doute le cas.

De retour à l'hôtel, il nous reste 24h avant notre départ. C'est avec nostalgie que nous commençons à partager nos données, nos travaux, nos photos. Tout ce que nous avons construit ensemble durant six semaines. Le jour J arrive, la météo semble clémente pour que les avions puissent atterrir et décoller. Andrew formera Guylain pour le web pendant que je résoudrai quelques problèmes de carte bancaire de dernière minute. Je prendrai le relais pour le courriel, pendant que nous irons enregistrer nos bagages et récupérer nos billets. Le temps presse, mais déjà Andrew doit aller prendre son avion. Un "big hug", une bonne poignée de main sincère. Il me manquera pour sûr. Cela m'a fait plaisir de travailler avec lui..et le voilà parti: direction Kuujjuaraapik.

Dans une heure, ce sera mon tour. Dernières bribes d'informations à partager et me voici sur le skidoo de Jusipi direction l'aéroport: 15mn. Plus tard, l'avion décollera direction Montréal. Mais le nord étant ce qu'il est, nous ferons une escale inattendue à Kuujjuaraapik, ce qui nous retardera de quelques heures avant de retrouver les bouchons, le métro, les panneaux publicitaires, si facilement oubliés dans le nord.

Damien, 22 avril 2004

Me voici de retour à Puvirnituq. Andrew vient me chercher en skidoo, pour continuer ce qu'ils ont commencé à la garderie. Une petite mise au point nous permettra de planifier la fin de semaine et la suite des choses qu'il nous reste à faire avant notre retour sur Montréal. La fin de semaine passe à s'occuper des dernières retouches au niveau des ordinateurs, un peu partout chez nos clients, avec l'intention de commencer la formation dès lundi. Elle se fera avec l'aide très appréciée de notre nouvel agent local Jusipi, qui sera "nos yeux" ici pour des cas de support depuis Montréal ou d'autre part. Mais la semaine risque d'être très chargée et il nous faudra sans doute faire preuve d'efficacité, pour pouvoir disposer d'un instant, avec chaque personne, afin de la former au web et à leur nouveau courriel.

C'est le printemps pour tout le monde et la nature n'attend pas. Ceux qui peuvent aller chasser iront chasser, ceux qui doivent aider pour la recherche et le sauvetage iront. Ha oui! j'ai oublié de vous tenir au courant: depuis presque le début de mon séjour, toute la région est sens dessus dessous, à la recherche d'un autre chasseur disparu depuis maintenant 1 mois. Toute la région a été quadrillée en skidoo ou en hélicoptère, mais sans trop de succès. Des traces ont été retrouvées, on sait où on a vu la personne pour la dernière fois. Toute la journée de nouveaux skidoos s'arrêtent devant la mairie et partent pour quelques jours faire la recherche avec un traîneau plein de vivres. Le système communautaire est ainsi fait: lorsque quelqu'un est absent du village, les autres personnes doivent aller à sa recherche à tour de rôle selon leurs moyens.

Lundi arrive, encore quelques tracasseries au niveau des machines qui pourront être résolues dans les heures ouvrables officielles. La formation commence là aussi juste pendant les heures ouvrables, ce qui nous permettra de souffler un peu, ou de prendre du temps pour les rapports d'activités et vous écrire quelques lignes bien entendu!

L'introduction générale à Internet que je fais d'habitude semble être mieux comprise, car j'ai maintenant quelques questions dès la fin de mon propos. Je peux repérer plus facilement, dans mon auditoire très hétérogène, le niveau de chacun. Il faudra faire preuve de beaucoup de patience et d'adaptation, mais ça devrait aller.

La formation suit son cours en passant par la recherche des images satellites des déplacements de caribou, par le Nunatsiaq News ou la météo. Des sites très importants pour le printemps qui arrive et qui présage de bonnes parties de chasse. D'ailleurs, deux oies de neige ont déjà été aperçues: ce sera bientôt l'occasion d'aller récupérer des plumes.

Damien, 16 avril 2004

Arrivés près du nouveau, nous ne trouverons l'entrée qu'après quelques minutes de recherche à creuser tout autour... j'ai trouvé!!! Une plaque de bois la cache et après avoir creusé un petit trou je m'immisce difficilement à l'intérieur. Quelle surprise! Je découvre deux peaux de caribou comme tapis. On voit que cela ne fait pas trop longtemps que l'igloo n'est plus habité. Tout est gelé, mais c'est drôlement bien aménagé avec des bancs de glace et une table sur les bords. Andrew me dit que souvent les gens emportent deux peaux de caribou, une pour le dessus et une pour le dessous. Pas besoin de sac de couchage et il paraît que c'est très chaud. Un jour j'essayerai ça! On n'entend même pas le vent de l'extérieur souffler.

La construction est assez spéciale, surtout la clef de voûte, qui semble faire tenir tout l'édifice, on voit la lumière passer à travers les jointures des blocs de glace, c'est vraiment curieux. Une fois, dégelés, nous devons retourner dehors. Ce n'est pas l'envie qui nous manque de rester ici, mais le devoir nous appelle, notre ventre aussi nous interpelle! L'entrée rebouchée, le retour se fera face au vent et là il fait "fret en ciboire".

Arrivés à l'hôtel, une bonne douche, un bon repas, et un bon somme et nous serons retapés pour une nouvelle journée. On a bien fait d'en profiter, car le lendemain c'est la tempête et on ne voit même pas où l'on pose nos pieds. J'apprends que je dois aller en mission pour quelqu'un à Salluit. Il faut dépanner la municipalité et installer le nouvel ordinateur pour Joanna... Mais c'est une autre histoire. À suivre...

Damien, 15 avril 2004

Après deux jours harassants, et à force de voir les deux petites buttes au loin, entre deux blizzards, nous décidons d'aller voir ces petites mottes de neige, repérées à notre arrivée. Ce n'est pas très loin, mais il y a un vent d'enfer. La neige craque sous nos pas, et le vent instantanément cache nos traces. Je me demande bien, en pensant à la personne disparue, comment quelqu'un peut survivre dehors, dans ces conditions, pendant une semaine. Finalement nous arrivons près des igloos, deux d'entre eux sont déjà tout ratatinés, mais on peut deviner que la neige qui les constitue s'est transformée en glace au fur et à mesure de leur utilisation. L'igloo gelé de neige est transformé en une coquille de glace incassable à l'intérieur.

Damien, 13 avril 2004

Même Christophe Colomb aurait trouvé la terre plate à Puvirnituq! Le blizzard ne nous a pas donné trop l'occasion de voir les alentours. Mais ici, c'est un village de 1300 personnes; ça commence à en faire du monde! Et ça continue également à se développer, vu la nouvelle garderie de 80 places!

 
 

Arrivés à l'aéroport, c'est Camille de l'Office Municipal Habitation Kativik qui, de passage par là, nous donnera un lift jusqu'à notre hôtel avec nos nombreuses boites. Il est dans le coin depuis déjà un bon paquet d'années et il commence à y prendre goût. Moi qui cherche toujours quelqu'un pour me montrer comment on fait un igloo, un vrai "made in inuit", il va peut être pouvoir me renseigner! En tous cas, il y en a qui sont construits à côté d'une petite île, que l'on aperçoit entre les rafales de neige qui nous soufflent dans le dos.

Le coté bouffe et l'hôtel réglés, c'est la tournée de nos clients, soit la garderie et la municipalité dans ce cas ci, mais là, il y a tout à faire. Mais en premier il faut savoir où Internet arrive, et s'il arrive vraiment. Ce qui nous conduit à la station terrestre qui est située à l'autre bout de la ville, dans une petite maison qui fait aussi office d'émetteur radio.

Le village est pas mal sens dessus dessous, les rangers sont là, un hélicoptère de l'armée aussi car une personne du village est portée absente depuis une semaine et l'on s'organise pour quadriller tous les environs, jusqu'aux villages voisins. La météo qui n'est pas bonne ajoute son grain de sel.

Arrivés à la station terrestre l'Internet ne marche pas. Il faudra régler cela avec l'Administration Régionale Kativik... un problème de câble sans doute. Ryan Spink nous est envoyé en renfort pour la partie sans-fil. Je le rencontrerai demain sans doute.

hopitalLa mairie est un bâtiment complexe; nous aurons beaucoup de travail. On dirait que quelqu'un a déjà commencé quelque chose, mais n'a pas fini le travail de câblage. Bref un gros tas de spaghettis en perspective. Côté garderie, c'est l'un des bâtiments les plus neufs de la ville; à tel point qu'il n'a pas encore d'adresse et que nous arrivons en plein déménagement. Là, il y a vraiment tout à faire: installer l'antenne aussi bien que le câblage. Une bonne partie de plaisir en perspective aussi. Demain Andrew arrive aussi; on aura bien besoin de lui.

Une fois les petits détails réglés, Antoine doit être de retour à Montréal, mais un problème météo le retardera de deux jours. Nous, on a commencé; les heures s'accumulent et se suivent dans le travail sans surprise. J'apprends rapidement le mode de construction des maisons d'ici, à force de ramper dans les sous-sols et sur les toitures pour passer du câble réseau, je vous promets parfois il ne faut pas vraiment être trop épais sinon ça coince!